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Notes de lecture


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Palestine/Liban/Israël : les chronologies sont politiques

Jean-Paul Hébert

Par Jean-Paul Hebert , 11 octobre 2006

Sur son site d’information, l’ambassade d’Israël proposant une « chronologie des évènements » [1] limite les évènements à la confrontation militaire au Liban et démarre la datation au 12 juillet.

C’est une façon de voir qui n’est pas rare : la guerre au Liban a en quelque sorte « recouvert » les affrontements à Gaza. De même, l’idée que cette action du Hezbollah est la cause de tout le reste est assez largement répandue. De plus, le fait que des soldats israéliens ait été faits prisonniers et « enlevés » soit une spécialité palestinienne est fréquemment admis. L’examen plus détaillé de la chronologie amène à une autre perspective :

Un référendum déterminant :

Dès le début du mois de juin, le mouvement politique s’accélère coté palestinien : pour dépasser le blocage entre les positions du Hamas et celles de l’OLP, le président de l’Autorité palestinienne s’appuie sur le projet élaboré par les prisonniers politiques palestiniens de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, ce qui constitue une reconnaissance implicite d’Israël. Il serait bien difficile pour le Hamas de s’opposer à une telle proposition. On entrevoit donc une sortie de crise qui ôterait tout prétexte à la suspension de l’aide de l’Union européenne.

C’est alors qu’on assiste à une montée en tension de la part de l’armée israélienne qui cherche à pousser le Hamas à sortir de ses gonds : le 9 juin, l’armée israélienne tue sept civils (dont trois enfants) sur une plage au nord de Gaza et d’autres tirs font au total vingt morts. Le 13 juin ce sont huit civils qui sont tués par un raid de l’aviation israélienne sur Gaza.

Enfin , le 24 juin sur la frontière sud de Gaza un commando israélien pénètre en territoire palestinien pour enlever deux militants présumés du Hamas. Il faut noter que cet « enlèvement » précède ceux qui vont être médiatisés ensuite. C’est alors -et alors seulement- que le lendemain, 25 juin, une position israélienne située dans la même zone près du chek-point « Kerem Shalom » est attaquée par un groupe de huit hommes (se réclamant de la branche armée du Hamas et des comités populaires de la résistance). Deux soldats israéliens sont tués , quatre blessés. Deux palestiniens sont tués. Un soldat israélien est emmené par les assaillants. Le lendemain, Israël masse des troupes autour de Gaza puis pénètre le 27 dans la zone, pour libérer le soldat prisonnier.

Dans cette conjoncture l’accord entre le Hamas et le Fatah (reconnaissant implicitement Israël) passe inaperçu.

Gaza sous le blocus.

Les deux semaines qui suivent sont celles d’une pression militaire incessante sur Gaza et sur toutes les structures institutionnelles palestiniennes : 29 juin : les israéliens raflent 64 personnes dans la zone de Gaza dont le président du conseil législatif palestinien, Abdelaziz Doeuik, huit ministres, vingt députés et plusieurs maires. Dans la journée le gouvernement palestinien s’était prononcé pour l’échange du prisonnier israélien contre des prisonniers palestiniens. Les autorités israéliennes avaient refusé. le 2 juillet, le blocus de Gaza est complet. L’armée israélienne a détruit une centrale électrique, perturbant ainsi le système d’approvisionnement en eau potable. Le représentant des Nations Unies au proche orient, Alvaro de Soto, s’inquiète de la situation sanitaire de la bande de Gaza. Le 6 juillet, c’est le début de l’ opération « pluie d’été » : les raids aériens israéliens et les envois de missiles se multiplient : 24 palestiniens sont tués à Gaza.

Le 10 juillet : le premier ministre israélien refuse l’échange de prisonniers proposé, cette fois-ci, à Damas par le chef du Hamas.

L’entrée en scène du Hezbollah

Pendant que la pression militaire s’accentue encore sur Gaza où le 13 juillet les bombes d’un F-16 israélien tuent six personnes dont deux femmes et deux enfants, ( le bilan total de la journée sera de 23 morts palestiniens), le Hezbollah entre en scène en annonçant avoir fait prisonniers deux soldats israéliens. La riposte israélienne ne se fait pas attendre . Une source militaire, citée par le quotidien Haaretz, suggère de « ramener le Liban trente ans en arrière ». Les bombardements sur le Liban commencent.

Le 15 juillet : les missiles du Hezbollah (opération « promesse sincère ») tombent sur Nahariya, faisant un mort et dix neuf blessés. Israël bloque tout lien avec le Liban (opération « punition adéquate ») et bombarde Beyrouth.

Au 18 juillet , les bombardements israéliens ont fait selon l’AFP 167 morts et 400 blessés au Liban. 350 roquettes ont été tirées par le Hezbollah, faisant huit morts à Haïfa.

Le 23 juillet, devant l’ampleur des bombardements sur le Liban, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les questions humanitaires accuse Israël de « violation du droit humanitaire » et le 25 juillet l’artillerie israélienne tue quatre observateurs de l’ONU.

Pendant ce temps les opérations israéliennes à Gaza continuent : Israël détruit successivement l’immeuble du ministère des affaires étrangères, le 18 juillet, puis les bureaux du premier ministre et les locaux du ministère de l’économie, le 21 juillet. Dans le même temps, trente chars israéliens pénètrent dans le camp de réfugiés de Maghazi au centre de la bande de Gaza : dix morts palestiniens, six soldats israéliens blessés et le 26 juillet encore, 24 palestiniens sont tués à Gaza, portant ainsi le total des victimes pour cette zone à 140. Devant l’inefficacité de son action, le gouvernement israélien décide d’intensifier les bombardements aériens et rappelle trois divisions de réservistes. En deux semaines, 1400 roquettes ont été tirées sur Israël, faisant 18 morts. Le 30 juillet : dans le village libanais de Cana (déjà frappé en 1996 : 106 morts) les bombardements israéliens font 28 morts dont 16 enfants.

Au conseil de sécurité, les américains empêchent que cette action soit condamnée.

La tonalité du discours israélien ne correspond pas à ce qui est observé sur le terrain : ainsi, le 1er août : le premier ministre israélien Ehud Olmert déclare : « « Si notre campagne militaire devait s’arrêter à ce jour, nous pourrions affirmer avec certitude que la face du Proche-Orient a été modifiée. Désormais, le Hezbollah ne pourra plus jamais menacer notre nation avec ses missiles. »

Mais malgré l’intensification de l’offensive terrestre (à partir du 2 août) et des bombardements aériens sur Beyrouth (à partir du 8 août), les tirs de roquettes du Hezbollah continuent et l’armée israélienne se révèle incapable d’anéantir les poches de résistance du Hezbollah.

On comprend mieux pourquoi le 14 août , à 7 heures, conformément à la résolution 1701 les combats cessent entre le Hezbollah et l’armée israélienne.


[1] http://paris1.mfa.gov.il/mfm/web/main/document.asp ?DocumentID=98335&MissionID=31

 


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